Rapports, groupes de travail, pacte, et désormais instabilité gouvernementale et revirements… depuis plus de trois ans, nos 51 maisons symphoniques et lyriques n’ont eu de cesse de composer, d’écouter, de s’adapter, de se réinventer pour préserver leurs forces vives créatives sur les territoires, en attendant qu’un horizon politique clair et ambitieux se dessine. En vain.
Désormais, chaque jour qui passe, les conséquences de cette impasse se font sentir avec, d’ores et déjà, des menaces tangibles sur les formations musicales permanentes.
Alors que nous sommes également mobilisés depuis plusieurs mois avec nos collègues et partenaires, aucune réponse structurante n’est apportée pour fixer une ambition collective pour la culture symphonique, lyrique, chorégraphique dans notre pays et les grands projets, légitimes (JO, Notre Dame, Louvre désormais), ne sauraient jeter le voile sur les réalités de terrain alarmantes sur lesquelles nous alertons depuis des années.
La réalité, ce sont les 21 voix du Chœur de l’Opéra de Toulon, aujourd’hui en péril faute d’une clarification conjointe par l’État et les collectivités des missions et moyens des opéras et orchestres, pourtant réclamée et ayant fait l’objet d’une réflexion et de propositions d’évolutions au gré de rapports, de pacte, hélas restés sans suite.
La réalité, ce sont aussi des coupes budgétaires brutales, qui conduisent Angers Nantes Opéra et l’Orchestre national des Pays de la Loire, l’Opéra National de Bordeaux et de nombreuses autres institutions dans d’autres régions à voir leurs budgets amputés de centaines de milliers d’euros et à devoir ainsi renoncer à un engagement artistique et territorial unanimement salués depuis des années.
La réalité, c’est un budget du ministère fragilisé par des annulations de crédits qui n’étaient pas prévues dans le cadre des débats budgétaires et alors que le contexte politique incertain rend les perspectives plus qu’inquiétantes.
La réalité, c’est la disparition dès 2025 de l’équivalent de l’une de nos institutions.
Selon une enquête conduite par les Forces Musicales auprès de ses membres, sur le seul réseau des établissements lyriques et symphoniques, la réduction des financements publics des collectivités locales, connue à ce jour, atteint déjà près de 4 millions d’euros.
La réalité, c’est donc déjà près d’une centaine d’emplois à temps plein, ancrés dans les territoires qui sont menacés, plusieurs centaines de représentations, projets éducatifs et d’inclusion qui risquent d’être annulés, et plusieurs milliers de spectateurs, élèves, personnes en situation d’exclusion, ainsi perdus.
Pour Claire Roserot de Melin, Présidente des Forces Musicales :
« Jusqu’à présent, c’était une peine avec sursis qui s’imposait à nos institutions, aux artistes et aux citoyens, tant nous avons su redoubler d’ingéniosité pour préserver leurs missions essentielles en dépit de l’absence de réponses et d’engagements clairs.
Mais en 2025, le point de rupture est atteint : c’est une condamnation ferme et sans appel qui tombe.
Qu’attendons-nous de nos institutions et des artistes qui en sont l’âme ? Quel rôle devons-nous jouer pour les publics qui en sont le cœur, dans la société fracturée d’aujourd’hui ?
Nous avons besoin de réponses, ici et maintenant ».
Paris, le 30 janvier 2025
Contact presse : Gaëlle Le Dante, 06 13 12 09 17, g.ledantec@lesforcesmusicales.org