Le 10 décembre dernier, le Premier ministre nous a confirmé ce que nous pouvions craindre depuis quelques jours : le public ne reviendra pas dans nos lieux avant le 7 janvier… si la situation le permet.

La décision était prévisible. Elle n’en est pas moins décevante et décourageante pour l’ensemble des professionnels.les de nos opéras et orchestres qui ont travaillé d’arrache-pied, dans des conditions dégradées pour continuer de faire vivre la culture et dans l’espoir, même incertain, d’une réouverture.

Elle nous a surtout plongés dans le plus grand désarroi. Nous ne comprenons pas les choix effectués par le gouvernement et le modèle de société qu’il dessine à travers ceux-ci. Comment, en effet, expliquer que de nombreux lieux de grands passages tels que les centres commerciaux, aéroports, gare et métro fonctionnent quasi normalement ? Comment expliquer que les lieux de culte qui accueillent du public dans des conditions similaires aux nôtres aient obtenu la possibilité d’ouvrir largement ?

Rien ne nous avait préparé à une telle crise et le gouvernement fait face à une cruelle incertitude, mais ce sont précisément ces moments de crise qui rendent les choix que nous faisons d’autant plus cruciaux.

Notre société est plus que jamais fracturée et la crise sanitaire aggrave le repli sur soi, les tensions sociales, le morcellement territorial, les conflits générationnels et culturels et affecte la santé mentale de nos concitoyens. Il devient plus que nécessaire de réaffirmer le rôle des arts et de la culture comme un levier puissant d’émancipation pour tisser des liens, contribuer à la cohésion, dessiner l’avenir.

La décision de non-réouverture dans ces conditions n’envoie pas un bon signal. Nous travaillons depuis des mois à adapter nos protocoles, nous avons formulé des propositions au gouvernement sur les conditions dans lesquelles nous sommes en mesure de travailler. Nous avons besoin de perspectives et d’une méthode qui nous permette d’anticiper, malgré l’imprévisibilité sanitaire. L’attention portée aux secteurs économiques de la consommation durement touchés par la crise est nécessaire. Mais elle ne doit pas reléguer au second plan les arts et la culture, qui ne peuvent être compris comme du simple divertissement et dont l’apport à notre société et à notre humanité en ces temps compliqués est si crucial. Nous avons besoin que l’État porte une parole forte et claire.

C’est pourquoi nous avons décidé de nous joindre à la procédure engagée par l’ensemble de notre secteur pour montrer aussi qu’au-delà de nos différences de modèles, d’approches ou de missions, nous sommes tous unis par la passion de transmettre au public et préoccupés par la société qui se construit à l’aune de cette crise.

Paris, le 16 décembre 2020

 

Contact presse :

Gaëlle Le Dantec
g.ledantec@lesforcesmusicales.org – 06 13 12 09 17

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